This is the end my friends

Face à nous se dresse une pierre. Elle est couverte d'écriture qu'aucun de nous ne comprend. J'essaye de la déplacer, rien. Carmen et moi avons la même idée en voyant le sang sur la pierre : elle s'entaille la main et la pose sur les runes. La pierre s'abaisse, lentement, très lentement. Elle laisse enfin place à l'accès à une caverne. Nous observons de loin, nous ne savons pas ce qui nous attend et nous nous devons d'être prudents face à une si grande menace.

Carmen, Lise et moi pénétrons dans la caverne. Le sol est à moitié enseveli sous le sable, on y voit quelques écritures de nouveau. Les mêmes qui recouvrent le mur au fond de la pièce. Nous avançons prudemment jusqu'à la porte située dans le mur aux écrits. Je sens Carmen se raidir à mes côtés. Je lui demande ce qu'il se passe. Elle ne répond pas, elle semble concentrée, la mâchoire serrée, l'esprit ailleurs. Je la connais assez pour savoir qu'elle cherche une réponse, probablement dans son esprit. Carmen revient à l'instant présent. Une voix dans sa tête lui a murmuré, dans un grand souffle de douceur, que pour franchir la porte suivante il conviendra d'oublier. Le corps restera mais l'esprit, les souvenirs, la vie seront oubliés, de la personne et des autres. Je regarde Carmen qui est déjà prête à se sacrifier sans plus d'hésitation. Il faut que je la retienne, je ne peux pas la laisser partir, je ne peux pas la perdre et continuer sans elle. Pas après tout ce que nous avons vécu. Tellement de visages me reviennent. Louise. Florian. Tregor. Clairisse. Kalie. Matthew. Abigail. Mary-Rose. Et tant d'autres. Nos regards balaient la salle, à la recherche de réponses, de solutions. Peut-être le sable a-t-il bougé ou s'est-il déplacé mais désormais nous distinguons clairement 3 emplacements. Deux genoux, le front. Carmen, Lise et moi. C'est mieux ainsi, je n'aurai pas à continuer seul. Le visage de Lise reflète sa détermination. Nous nous connaissons mal mais j'admire sa faculté d'adaptation et sa volonté de survie poussée à l'extrême. Je n'ai pas besoin de regarder Carmen pour savoir ce qu'elle pense. Je lui prends la main, je tends la main à Lise. Elles terminent le cercle. Nos fronts se touchent brièvement avant que nous allions chacun rejoindre notre place sans un mot. Nous n'avons pas besoin de parler, nous savons. C'est d'ailleurs pour ça que nous sommes là. Je mets un genoux à terre puis le deuxième. Je ne regarde pas autour de moi. Je pose le front sur l'emplacement.


Dans une caverne un homme et deux femmes se regardent. Leurs corps sont présents. Ils ont eu des vies, probablement, peut-être, mais cela semble si intouchable. Ils pénètrent dans une seconde caverne. Un petit homme d'une vieillesse infinie leur parle. Ils doivent faire un choix. Prophétie, bataille, sommeil... L'homme et les femmes sont interloqués par la grandeur des événements. Le vieil homme les désigne comme Enoch, Inrad et Zila. Ensemble ils font le même choix que leurs prédécesseurs : enrichir le livre de Nod. Ils savent que leur ajout est des plus exceptionnels, il contient le lieu de la Géhenne. Boston.
Quelque chose remue à cette évocation pour l'homme et les femmes. Ils sont attachés à cette ville, ils en sont les Virtues, les gardiens, ils ont œuvrés pour cette ville.


Ils ont fermé les yeux. Ils ne sont que douceur et plénitude. Ils ouvrent les yeux. Devant eux, du haut d'une pyramide, s'étend une cité extraordinaire et animée; la foule en liesse les acclame, des bannières flottent, des oriflammes étincellent. Ils sont fiers. Ils ont l'éternité devant eux.