La lumière d'Hécate
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La lumière d'Hécate
Il était vain de chercher à exprimer par les mots à quel point Xiltyn détestait les insectes. Il n’y avait pas plus répugnante et plus implacable image de la corruption au monde. Le corps du capitaine Jirach Vinland lui paraissait terriblement pitoyable à voir, tant il avait été rendu informe par le festin qu’en avait fait la nuée grouillante qui digérait l’homme et sa dignité sans témoigner davantage d’égards à l’un qu’à l’autre. La jeune femme avait l’impression de se noyer dans son dégoût, qui avait pour effet d’aiguiser ses sens à tel point qu’elle croyait entendre les bruits infects de mastication et de déglutition de ces innombrables facettes de la mort. Tandis qu’elle restait là à lutter contre ses phobies, Selen la dépassa, impassible comme à son habitude, et se pencha sur le corps en disant :
« -Tu n’es vraiment pas du genre à te salir les mains, toi.
-Cette besogne t’a toujours mieux convenu qu’à moi… »
Depuis qu’elles travaillaient ensemble, les deux femmes avaient coutume de s’échanger des piques continuellement, comme autant de marques de la complicité qui s’était petit à petit installée entre elles. Xiltyn était à vrai dire l’une des seules personnes de la guilde que Selen tolérait auprès d’elle, car elle y avait reconnu le même caractère impétueux qui faisait fuir tous les éléments faibles de l’équipe, et leur amour pour Shar était la matière privilégiée de leurs conversations pendant les missions. Quant à Xiltyn, elle avait déjà découragé une bonne partie de ses équipiers à cause de ses attitudes dédaigneuses, d’autant plus mal perçues que sa jeunesse et sa récente arrivée chez les marchands d’Amn ne la mettaient pas vraiment en position de se comporter comme une vétérane. Elle avait pourtant immédiatement accepté le patronage de Selen, et ce notamment parce qu’en plus d’être beaucoup plus expérimentée qu’elle, elle avait gagné son estime grâce à sa redoutable intelligence ainsi que son savoir immense en matière de religion, et plus particulièrement les mystères de Shar. En somme, elles s’étaient parfaitement trouvées, et c’était l’avis de tous les membres de la guilde qui avaient relevé leur existence, qu’ils entendent ce constat comme un compliment ou comme une invective.
« - Quoi qu’il se soit passé, je ne vois rien de magique ici. Du peu qu’il reste du capitaine, il semble qu’il ait été égorgé à l’ancienne, et laissé ici depuis plusieurs jours. Marune ne va vraiment pas être content, c’est la troisième fois que nous perdons une cargaison.
-Il y a quand même du mieux, cette fois nous avons retrouvé le corps.
-Je vais essayer de voir ce qu’il reste sous les vers au moins pour trouver des traces de lutte. Si tu veux aller pleurer dehors le temps que je travaille dans la boue que tu n’estimes pas digne de tes chaussures, c’est le moment.
- Oh ne t’inquiète pas je me sens mieux, la couleur de tes cheveux a déjà fait fuir la majorité des insectes. »
Selen esquissa un petit sourire et commença à épousseter le corps et à le manipuler avec minutie. Xiltyn était assez fascinée par la précision des gestes de sa partenaire, qui ne se laissait perturber ni par l’odeur pestilentielle, ni par le contact répugnant des créatures qui passaient allégrement sur ses mains tandis qu’elle observait le cadavre.
« -C’est de la vraie bouillie, je ne sais pas si je vais en tirer quoi que ce soit. A priori il n’y a pas de trace de lutte, Jirach a été assailli par derrière. Il a été égorgé proprement, d’un coup sec. Par contre il n’y a pas beaucoup de sang autour du cadavre, il a donc probablement été déplacé ici. Tu vois des traces autour de toi ou tu songes à rejoindre les disciples de Séluné qui comprendront mieux ta peur du sang ?
-J’étais déjà en train de regarder, je n’ai pas besoin d’être une experte pour comprendre que le meurtre n’a pas été commis ici. Si tu voulais m’impressionner c’est raté. Enfin, l’état de saleté dans lequel tu t’es mise pour de si maigres conclusions me fait forte impression par contre. »
Xiltyn marchait en rond dans la cave en scrutant le sol, dans l’espoir de trouver une trace qui pourrait indiquer l’itinéraire suivi par le tueur. Elle commençait à se sentir singulièrement mal à l’aise dans cette pièce glacée et obscure, remplie de fûts qui exhalaient une odeur de bois vermoulu mêlée d’effluves de vin éventé. La seule lumière qui éclairait un peu la pièce était restée près de Selen, qui continuait d’observer le corps. La vieille maison dans laquelle elles étaient venues enquêter leur avait été signalée par un espion de la guilde, chargé d’explorer les environs de la côte au bord de laquelle on retrouvait infailliblement les bateaux abandonnés et détruits, et son équipage intégralement massacré, le capitaine seul demeurant introuvable à chaque fois. En s’enfonçant un peu dans la cave, Xiltyn commença à sentir une odeur quelque peu étrange pour l’endroit, comme une odeur de marée. Elle buta bientôt sur un mur dont elle tâta instinctivement les contours, jusqu’à deviner la fente d’une porte.
« Je ne comprends pas, dit Selen au loin, pourquoi déplacer le corps du capitaine alors que toutes les autres traces du pillage ont été laissées à la vue de tous sur la côte ? Les fois précédentes nous n’avons retrouvé ni Seveli ni Murdoch non plus.
-Un trophée peut-être ? répondit Xiltyn en cherchant une façon d’activer l’ouverture de la porte.
-Tu laisserais pourrir un trophée toi ? Quel est l’intérêt que le corps soit dévoré… attends. »
La voix de Selen avait changé, Xiltyn le perçut immédiatement mais continuait de tâtonner. L’odeur d’iode qui s’échappait du mur lui picotait les narines et commençait à irriter sa gorge. Pendant ce temps, Selen cherchait à attraper ces petits asticots étranges qu’elle avait remarqué sans insister quand elle s’était penchée sur le cadavre. Elle en saisit un dans sa main, et reconnut immédiatement la petite tête de mort que les pigments dessinaient sur le dos de l’animal. La pensée de Selen avait parcouru en un éclair le livre de sa mémoire, jusqu’à s’arrêter sur la page qui l’intéressait. On l’appelait l’engrais. Une sorte de ver nécrophage qui pompe la chair du cerveau au fur et à mesure de la décomposition du corps. Au bout de plusieurs jours, après avoir dévoré la chair et les organes, les vers deviennent suffisamment forts pour se loger dans le cerveau et pour le sucer lentement de l’intérieur. Arrivé à ce stade, il faut ralentir le processus de décomposition afin que la cervelle ne pourrisse pas avant que les vers n’aient terminé leur festin. Un vrai délice que ce ver paraissait-il, on prêtait même à ce mets des vertus magiques et il était très utilisé dans les cultes interdits, tous les initiés de Velsharoon s’en gavaient à leur intronisation.
Un grand fracas se fit entendre, un craquement de bois d’abord, puis le bruit d’une sorte de pluie de sable, et les protestations de Xiltyn qui manqua d’être ensevelie sous la cascade…
« -Tout va bien ? dit Selen en accourant avec sa lanterne.
-Ça va. Je crois que j’ai retrouvé notre cargaison, ça m’a tout l’air d’être du gros sel. La pièce en est remplie. »
Lorsque Selen arriva, la flamme éclaira le tas de gros sel qui se déversait dans la cave et confirma les suppositions de Xiltyn. Ce que cette dernière n’avait pas vu, c’était les centaines de têtes grouillantes de vers qu’il servait à conserver. La tête de Murdoch avait même roulé jusqu’à ses pieds.
Tandis que les deux femmes restaient en état de choc, une porte grinça à l’étage, et elles entendirent des bruits de pas. Selen réagit immédiatement et éteignit sa lanterne, plongeant les deux femmes dans la nuit complète.
« -Tu n’es vraiment pas du genre à te salir les mains, toi.
-Cette besogne t’a toujours mieux convenu qu’à moi… »
Depuis qu’elles travaillaient ensemble, les deux femmes avaient coutume de s’échanger des piques continuellement, comme autant de marques de la complicité qui s’était petit à petit installée entre elles. Xiltyn était à vrai dire l’une des seules personnes de la guilde que Selen tolérait auprès d’elle, car elle y avait reconnu le même caractère impétueux qui faisait fuir tous les éléments faibles de l’équipe, et leur amour pour Shar était la matière privilégiée de leurs conversations pendant les missions. Quant à Xiltyn, elle avait déjà découragé une bonne partie de ses équipiers à cause de ses attitudes dédaigneuses, d’autant plus mal perçues que sa jeunesse et sa récente arrivée chez les marchands d’Amn ne la mettaient pas vraiment en position de se comporter comme une vétérane. Elle avait pourtant immédiatement accepté le patronage de Selen, et ce notamment parce qu’en plus d’être beaucoup plus expérimentée qu’elle, elle avait gagné son estime grâce à sa redoutable intelligence ainsi que son savoir immense en matière de religion, et plus particulièrement les mystères de Shar. En somme, elles s’étaient parfaitement trouvées, et c’était l’avis de tous les membres de la guilde qui avaient relevé leur existence, qu’ils entendent ce constat comme un compliment ou comme une invective.
« - Quoi qu’il se soit passé, je ne vois rien de magique ici. Du peu qu’il reste du capitaine, il semble qu’il ait été égorgé à l’ancienne, et laissé ici depuis plusieurs jours. Marune ne va vraiment pas être content, c’est la troisième fois que nous perdons une cargaison.
-Il y a quand même du mieux, cette fois nous avons retrouvé le corps.
-Je vais essayer de voir ce qu’il reste sous les vers au moins pour trouver des traces de lutte. Si tu veux aller pleurer dehors le temps que je travaille dans la boue que tu n’estimes pas digne de tes chaussures, c’est le moment.
- Oh ne t’inquiète pas je me sens mieux, la couleur de tes cheveux a déjà fait fuir la majorité des insectes. »
Selen esquissa un petit sourire et commença à épousseter le corps et à le manipuler avec minutie. Xiltyn était assez fascinée par la précision des gestes de sa partenaire, qui ne se laissait perturber ni par l’odeur pestilentielle, ni par le contact répugnant des créatures qui passaient allégrement sur ses mains tandis qu’elle observait le cadavre.
« -C’est de la vraie bouillie, je ne sais pas si je vais en tirer quoi que ce soit. A priori il n’y a pas de trace de lutte, Jirach a été assailli par derrière. Il a été égorgé proprement, d’un coup sec. Par contre il n’y a pas beaucoup de sang autour du cadavre, il a donc probablement été déplacé ici. Tu vois des traces autour de toi ou tu songes à rejoindre les disciples de Séluné qui comprendront mieux ta peur du sang ?
-J’étais déjà en train de regarder, je n’ai pas besoin d’être une experte pour comprendre que le meurtre n’a pas été commis ici. Si tu voulais m’impressionner c’est raté. Enfin, l’état de saleté dans lequel tu t’es mise pour de si maigres conclusions me fait forte impression par contre. »
Xiltyn marchait en rond dans la cave en scrutant le sol, dans l’espoir de trouver une trace qui pourrait indiquer l’itinéraire suivi par le tueur. Elle commençait à se sentir singulièrement mal à l’aise dans cette pièce glacée et obscure, remplie de fûts qui exhalaient une odeur de bois vermoulu mêlée d’effluves de vin éventé. La seule lumière qui éclairait un peu la pièce était restée près de Selen, qui continuait d’observer le corps. La vieille maison dans laquelle elles étaient venues enquêter leur avait été signalée par un espion de la guilde, chargé d’explorer les environs de la côte au bord de laquelle on retrouvait infailliblement les bateaux abandonnés et détruits, et son équipage intégralement massacré, le capitaine seul demeurant introuvable à chaque fois. En s’enfonçant un peu dans la cave, Xiltyn commença à sentir une odeur quelque peu étrange pour l’endroit, comme une odeur de marée. Elle buta bientôt sur un mur dont elle tâta instinctivement les contours, jusqu’à deviner la fente d’une porte.
« Je ne comprends pas, dit Selen au loin, pourquoi déplacer le corps du capitaine alors que toutes les autres traces du pillage ont été laissées à la vue de tous sur la côte ? Les fois précédentes nous n’avons retrouvé ni Seveli ni Murdoch non plus.
-Un trophée peut-être ? répondit Xiltyn en cherchant une façon d’activer l’ouverture de la porte.
-Tu laisserais pourrir un trophée toi ? Quel est l’intérêt que le corps soit dévoré… attends. »
La voix de Selen avait changé, Xiltyn le perçut immédiatement mais continuait de tâtonner. L’odeur d’iode qui s’échappait du mur lui picotait les narines et commençait à irriter sa gorge. Pendant ce temps, Selen cherchait à attraper ces petits asticots étranges qu’elle avait remarqué sans insister quand elle s’était penchée sur le cadavre. Elle en saisit un dans sa main, et reconnut immédiatement la petite tête de mort que les pigments dessinaient sur le dos de l’animal. La pensée de Selen avait parcouru en un éclair le livre de sa mémoire, jusqu’à s’arrêter sur la page qui l’intéressait. On l’appelait l’engrais. Une sorte de ver nécrophage qui pompe la chair du cerveau au fur et à mesure de la décomposition du corps. Au bout de plusieurs jours, après avoir dévoré la chair et les organes, les vers deviennent suffisamment forts pour se loger dans le cerveau et pour le sucer lentement de l’intérieur. Arrivé à ce stade, il faut ralentir le processus de décomposition afin que la cervelle ne pourrisse pas avant que les vers n’aient terminé leur festin. Un vrai délice que ce ver paraissait-il, on prêtait même à ce mets des vertus magiques et il était très utilisé dans les cultes interdits, tous les initiés de Velsharoon s’en gavaient à leur intronisation.
Un grand fracas se fit entendre, un craquement de bois d’abord, puis le bruit d’une sorte de pluie de sable, et les protestations de Xiltyn qui manqua d’être ensevelie sous la cascade…
« -Tout va bien ? dit Selen en accourant avec sa lanterne.
-Ça va. Je crois que j’ai retrouvé notre cargaison, ça m’a tout l’air d’être du gros sel. La pièce en est remplie. »
Lorsque Selen arriva, la flamme éclaira le tas de gros sel qui se déversait dans la cave et confirma les suppositions de Xiltyn. Ce que cette dernière n’avait pas vu, c’était les centaines de têtes grouillantes de vers qu’il servait à conserver. La tête de Murdoch avait même roulé jusqu’à ses pieds.
Tandis que les deux femmes restaient en état de choc, une porte grinça à l’étage, et elles entendirent des bruits de pas. Selen réagit immédiatement et éteignit sa lanterne, plongeant les deux femmes dans la nuit complète.
Xiltyn Malen- Revancharde débutante
- Messages : 193
Date d'inscription : 15/09/2013
Localisation : Waterdeep
Feuille de personnage
Classe et niveau: Ombrageur 12 / Noble 1
Race: Elfe de Lune
Alignement: Neutre/Loyal
Re: La lumière d'Hécate
« -Dès qu’il ou ils descendent, on fait comme d’habitude, chuchota Selen.
-Tu es sûre de toi ? On ne sait pas ce que c’est, les pas m’ont l’air plutôt lourd…
-Mais tu es une vraie poule mouillée aujourd’hui, tu crois franchement qu’on a quelque chose à craindre ?
-Toi peut-être que non, mais je suis loin d’avoir ta force. Et je te rappelle qu’on a trouvé tout l’équipage décimé à chaque fois… Mais enfin si tu te sens d’attaque…
-Tiens-toi à ce que tu sais faire, je m’occupe du reste, dans dix minutes le problème est réglé. »
Il fallait bien l’avouer, Xiltyn commençait à perdre ses moyens. Heureusement pour elle, l’excitation de Selen à la perspective d’un combat la rassurait suffisamment pour garder contenance, mais son moral avait été considérablement affaibli par les atroces découvertes faites dans la pièce. Elle avait le pressentiment que seule une créature monstrueuse avait pu commettre une chose pareille. C’est pourquoi elle essayait de caler sa respiration sur celle de Selen, pour ne pas manquer de souffle. Elle enviait son calme, elle enviait sa force, et sans jamais le lui dire elle ne se sentait pas vraiment à la hauteur pour être son équipière. Elle ne trouvait de répondant que sur le plan de la répartie, et elle n’avait pas encore conscience de l’importance que cela avait pour tromper la solitude de son amie. En attendant elle faisait une bien piètre alliée, et en cas de situation difficile elle s’en remettait toujours au bras de Selen.
Un hurlement retentit à l’étage, quelque chose qui tenait à la fois du cri de rage et de la plainte déchirée. Xiltyn n’arrivait pas à dire si c’était un cri monstrueux ou tout simplement tellement humain qu’il en était terrifiant. Le même cri retentit à nouveau après de longues minutes, et finit par revenir assez régulièrement. Selen était toujours calme et concentrée, elle attendait le bon moment pour frapper. La trappe de la cave s’ouvrit, et une mince lueur passa au travers de la pièce, laissant deviner une silhouette énorme, difforme et pratiquement nue qui descendait les escaliers. À chaque marche, on entendait des chaînes tomber lourdement sur les lattes, et au bout de quelques unes, une voix masculine, aussi douce que menaçante se fit entendre depuis l’étage :
« -Attends, prends ceci, ce sera plus simple pour les débusquer. »
Et Xiltyn vit une main humaine qui tendait une petite lampe à huile au colosse, dont elle aperçut la face monstrueuse et décharnée quelques secondes. Les mêmes vers que tout à l’heure grouillaient sur son visage à moitié mangé, et couraient le long de sa face en entrant et sortant par les oreilles et les narines. Il en salivait même des nuées, en gardant sans cesse sa gueule grotesquement ouverte.
« -Ah, et je les veux vivantes évidemment, ne les abime pas trop. »
Et tandis que Xiltyn devinait que ses jambes étaient sur le point de se dérober sous ses pieds, elle sentit Selen la retenir par le manteau, ferme et résolue, le colosse reprenant sa lourde descente dans la cave. Chaque fois qu’il faisait un pas, le fracas des chaînes sur le sol. Et cet infâme bruit de salive, qui dégoulinait partout sur le corps du monstre. La poigne de Selen se durcit sur le manteau de Xiltyn, comme pour l’inciter à reprendre ses esprits. Elle regagna un peu d’énergie grâce à cela, et Selen la poussa en avant pour lui signifier de commencer le combat. Xiltyn lança ses doubles illusoires pour distraire le monstre, qui les éclaira de sa lanterne et fonça dessus en hurlant. Xiltyn sentit l’odeur cadavérique de son souffle, et arrivait à peine à garder les yeux sur lui. La chair, et parfois le squelette étaient à vif par endroits, il avait même un trou béant à la hanche. Le tout grouillait de vers qui le dévoraient vivant, ce qui expliquait probablement la violence des cris entendus auparavant. Xiltyn s’apprêtait à parer l’assaut, lorsque le monstre fut stoppé net dans sa course, le souffle coupé. Derrière lui, Selen et son double de l’ombre le retenaient chacune par un bras. Le torse de Selen et de sa copie se gonfla, elles s’ancrèrent solidement sur leurs jambes et tirèrent en arrière, projetant le colosse contre le mur à l’opposé de Xiltyn. La lampe à huile se mit à rouler sur le sol, dans un mouvement de va-et-vient. Le mur se fissura sous l’effet du choc, mais le monstre repartit aussitôt, fou de rage, sur Selen comme s’il n’avait rien senti. À quelques pas de la magicienne, celle-ci leva le doigt et chuchota : « Shar. » et disparut sous les yeux de son adversaire. Il donna un grand coup dans le vide et Selen réapparut derrière lui, l’épée et le disque à la main. Elle le frappa dans le dos, et lorsqu’il se retourna, elle murmura à son oreille, avec un sourire sardonique un air de défi dans le regard: « Shar. ». Et alors que le monstre amorçait un mouvement pour lui mordre le visage, sa mâchoire se referma sur la brume d’ombre. Ses dents claquèrent et projetèrent des postillons de vers dans la nuit. L’épée de Selen, qui était déjà dans son dos, lui transperçait l’épaule. À ce moment précis, l’autre main du colosse passa derrière sa tête et saisit Selen par les cheveux. Il la souleva comme une plume, et la projeta devant lui avec une force hallucinante. Xiltyn restait sans bouger, elle croyait voir l’ossature de son amie éclater en mille morceaux sous l’effet du choc. Selen poussa un cri de douleur, et retomba lourdement à côté de la lampe qui ne cessait de rouler. La lumière allait et venait sur le visage de la magicienne, déjà ruisselant de sang et déformé par la douleur. Le colosse s’élança sur elle, la flamme de la lampe allant tantôt vers lui qui s’élançait, tantôt vers Selen qui se relevait péniblement. Le temps que la lumière revienne sur le monstre, il était déjà en train de plonger sur elle. Les deux combattants s’agrippèrent l’un l’autre, et entamèrent une lutte dont Xiltyn ne percevait que des bribes, en fonction du va-et-vient de la lanterne. Un rayon de lumière et le colosse était au dessus et rouait sa partenaire de coups, et une nuit de quelques secondes plus tard, Selen lui plongeait son arme dans le torse. La lutte était sauvage et acharnée, mais le monstre encaissait bien mieux les coups, déjà rendu fou de douleur par les asticots qui le grignotaient incessamment. Xiltyn essaya de reprendre ses esprits et dégaina sa dague, puis fonça sur la créature sans trop réfléchir. Elle réussit à toucher sa cible à la nuque. Le monstre, sans se retourner, lui saisit immédiatement la main et la broya si fort que l'elfe ploya immédiatement, tombant lentement à genoux, écrasée par sa propre douleur. Selen en profita pour se relever et apposa la main sur le monstre, lui aspirant une quantité de vie si importante qu’il se mit à flageller lui aussi. Avant de tomber sur le sol, il donna un grand coup de poing à terre et le plancher éclata sous la force du coup, précipitant la créature agonisante et les deux jeunes femmes dans un autre sous sol où rampaient des milliers de vers. Le colosse ne bougeait plus. Les deux femmes, les bras en croix, respiraient péniblement. Selen était couverte de bleus et de sang. La main de Xiltyn refusait de bouger, elle lui faisait l’effet d’une plaie béante. De grosses larmes coulaient sur ses joues.
« -Je suis désolée, disait-elle en s’étouffant de rage contre elle-même.
-Ce n’est rien, tu es loin de faire le poids avec tes sorts de débutante. J’aurais dû t’envoyer me faire les courses plutôt.
-Pour t’acheter un sort digne de ce nom ? répondit-elle en sanglots.
Et Selen éclata de rire.
Au-dessus du trou béant, la silhouette de l’homme à la lanterne apparut, penchée au dessus des deux femmes désormais à sa merci : « Vous ne m’avez pas oublié tout de même, n’est-ce pas ? »
-Tu es sûre de toi ? On ne sait pas ce que c’est, les pas m’ont l’air plutôt lourd…
-Mais tu es une vraie poule mouillée aujourd’hui, tu crois franchement qu’on a quelque chose à craindre ?
-Toi peut-être que non, mais je suis loin d’avoir ta force. Et je te rappelle qu’on a trouvé tout l’équipage décimé à chaque fois… Mais enfin si tu te sens d’attaque…
-Tiens-toi à ce que tu sais faire, je m’occupe du reste, dans dix minutes le problème est réglé. »
Il fallait bien l’avouer, Xiltyn commençait à perdre ses moyens. Heureusement pour elle, l’excitation de Selen à la perspective d’un combat la rassurait suffisamment pour garder contenance, mais son moral avait été considérablement affaibli par les atroces découvertes faites dans la pièce. Elle avait le pressentiment que seule une créature monstrueuse avait pu commettre une chose pareille. C’est pourquoi elle essayait de caler sa respiration sur celle de Selen, pour ne pas manquer de souffle. Elle enviait son calme, elle enviait sa force, et sans jamais le lui dire elle ne se sentait pas vraiment à la hauteur pour être son équipière. Elle ne trouvait de répondant que sur le plan de la répartie, et elle n’avait pas encore conscience de l’importance que cela avait pour tromper la solitude de son amie. En attendant elle faisait une bien piètre alliée, et en cas de situation difficile elle s’en remettait toujours au bras de Selen.
Un hurlement retentit à l’étage, quelque chose qui tenait à la fois du cri de rage et de la plainte déchirée. Xiltyn n’arrivait pas à dire si c’était un cri monstrueux ou tout simplement tellement humain qu’il en était terrifiant. Le même cri retentit à nouveau après de longues minutes, et finit par revenir assez régulièrement. Selen était toujours calme et concentrée, elle attendait le bon moment pour frapper. La trappe de la cave s’ouvrit, et une mince lueur passa au travers de la pièce, laissant deviner une silhouette énorme, difforme et pratiquement nue qui descendait les escaliers. À chaque marche, on entendait des chaînes tomber lourdement sur les lattes, et au bout de quelques unes, une voix masculine, aussi douce que menaçante se fit entendre depuis l’étage :
« -Attends, prends ceci, ce sera plus simple pour les débusquer. »
Et Xiltyn vit une main humaine qui tendait une petite lampe à huile au colosse, dont elle aperçut la face monstrueuse et décharnée quelques secondes. Les mêmes vers que tout à l’heure grouillaient sur son visage à moitié mangé, et couraient le long de sa face en entrant et sortant par les oreilles et les narines. Il en salivait même des nuées, en gardant sans cesse sa gueule grotesquement ouverte.
« -Ah, et je les veux vivantes évidemment, ne les abime pas trop. »
Et tandis que Xiltyn devinait que ses jambes étaient sur le point de se dérober sous ses pieds, elle sentit Selen la retenir par le manteau, ferme et résolue, le colosse reprenant sa lourde descente dans la cave. Chaque fois qu’il faisait un pas, le fracas des chaînes sur le sol. Et cet infâme bruit de salive, qui dégoulinait partout sur le corps du monstre. La poigne de Selen se durcit sur le manteau de Xiltyn, comme pour l’inciter à reprendre ses esprits. Elle regagna un peu d’énergie grâce à cela, et Selen la poussa en avant pour lui signifier de commencer le combat. Xiltyn lança ses doubles illusoires pour distraire le monstre, qui les éclaira de sa lanterne et fonça dessus en hurlant. Xiltyn sentit l’odeur cadavérique de son souffle, et arrivait à peine à garder les yeux sur lui. La chair, et parfois le squelette étaient à vif par endroits, il avait même un trou béant à la hanche. Le tout grouillait de vers qui le dévoraient vivant, ce qui expliquait probablement la violence des cris entendus auparavant. Xiltyn s’apprêtait à parer l’assaut, lorsque le monstre fut stoppé net dans sa course, le souffle coupé. Derrière lui, Selen et son double de l’ombre le retenaient chacune par un bras. Le torse de Selen et de sa copie se gonfla, elles s’ancrèrent solidement sur leurs jambes et tirèrent en arrière, projetant le colosse contre le mur à l’opposé de Xiltyn. La lampe à huile se mit à rouler sur le sol, dans un mouvement de va-et-vient. Le mur se fissura sous l’effet du choc, mais le monstre repartit aussitôt, fou de rage, sur Selen comme s’il n’avait rien senti. À quelques pas de la magicienne, celle-ci leva le doigt et chuchota : « Shar. » et disparut sous les yeux de son adversaire. Il donna un grand coup dans le vide et Selen réapparut derrière lui, l’épée et le disque à la main. Elle le frappa dans le dos, et lorsqu’il se retourna, elle murmura à son oreille, avec un sourire sardonique un air de défi dans le regard: « Shar. ». Et alors que le monstre amorçait un mouvement pour lui mordre le visage, sa mâchoire se referma sur la brume d’ombre. Ses dents claquèrent et projetèrent des postillons de vers dans la nuit. L’épée de Selen, qui était déjà dans son dos, lui transperçait l’épaule. À ce moment précis, l’autre main du colosse passa derrière sa tête et saisit Selen par les cheveux. Il la souleva comme une plume, et la projeta devant lui avec une force hallucinante. Xiltyn restait sans bouger, elle croyait voir l’ossature de son amie éclater en mille morceaux sous l’effet du choc. Selen poussa un cri de douleur, et retomba lourdement à côté de la lampe qui ne cessait de rouler. La lumière allait et venait sur le visage de la magicienne, déjà ruisselant de sang et déformé par la douleur. Le colosse s’élança sur elle, la flamme de la lampe allant tantôt vers lui qui s’élançait, tantôt vers Selen qui se relevait péniblement. Le temps que la lumière revienne sur le monstre, il était déjà en train de plonger sur elle. Les deux combattants s’agrippèrent l’un l’autre, et entamèrent une lutte dont Xiltyn ne percevait que des bribes, en fonction du va-et-vient de la lanterne. Un rayon de lumière et le colosse était au dessus et rouait sa partenaire de coups, et une nuit de quelques secondes plus tard, Selen lui plongeait son arme dans le torse. La lutte était sauvage et acharnée, mais le monstre encaissait bien mieux les coups, déjà rendu fou de douleur par les asticots qui le grignotaient incessamment. Xiltyn essaya de reprendre ses esprits et dégaina sa dague, puis fonça sur la créature sans trop réfléchir. Elle réussit à toucher sa cible à la nuque. Le monstre, sans se retourner, lui saisit immédiatement la main et la broya si fort que l'elfe ploya immédiatement, tombant lentement à genoux, écrasée par sa propre douleur. Selen en profita pour se relever et apposa la main sur le monstre, lui aspirant une quantité de vie si importante qu’il se mit à flageller lui aussi. Avant de tomber sur le sol, il donna un grand coup de poing à terre et le plancher éclata sous la force du coup, précipitant la créature agonisante et les deux jeunes femmes dans un autre sous sol où rampaient des milliers de vers. Le colosse ne bougeait plus. Les deux femmes, les bras en croix, respiraient péniblement. Selen était couverte de bleus et de sang. La main de Xiltyn refusait de bouger, elle lui faisait l’effet d’une plaie béante. De grosses larmes coulaient sur ses joues.
« -Je suis désolée, disait-elle en s’étouffant de rage contre elle-même.
-Ce n’est rien, tu es loin de faire le poids avec tes sorts de débutante. J’aurais dû t’envoyer me faire les courses plutôt.
-Pour t’acheter un sort digne de ce nom ? répondit-elle en sanglots.
Et Selen éclata de rire.
Au-dessus du trou béant, la silhouette de l’homme à la lanterne apparut, penchée au dessus des deux femmes désormais à sa merci : « Vous ne m’avez pas oublié tout de même, n’est-ce pas ? »
Xiltyn Malen- Revancharde débutante
- Messages : 193
Date d'inscription : 15/09/2013
Localisation : Waterdeep
Feuille de personnage
Classe et niveau: Ombrageur 12 / Noble 1
Race: Elfe de Lune
Alignement: Neutre/Loyal
Re: La lumière d'Hécate
« -À vrai dire c’est à peine si nous pouvons vous voir, dit Selen, nous avons comme un asticot dans l’œil.
-Haha ! On joue les dures hein ? Aviez-vous tant d’humour quand votre colonne a explosé contre le mur ?
-Encore un adversaire dépourvu de second degré, en plus d’être lâche vous êtes donc susceptible.
-Taisez-vous, vous n’avez pas fini de sentir vos os craquer. Mon nabot vous a plu ? Attendez de voir les effets de ces petites larves sur mon orque. J’enverrai votre tête aux gens qui vous payent, mais avant je vous laisserai en pâture à ma petite colonie, bien contrôlés ils mangent les vivants. Je passerai la nuit à vous écouter hurler de douleur. »
L’homme était d’autant plus effrayant qu’il avait un visage d’ange, même si sa folie éclairait son regard d’une lueur sans équivoque. Il repartit en grommelant, comme s’il se parlait à lui-même. Les deux amies se regardèrent, interdites. L’homme remonta les marches et laissa la trappe ouverte.
« -Il nous laisse vraiment seules ? demanda Xiltyn.
-Vu l’état dans lequel nous sommes, je pense qu’il a compris que nous n’irons pas bien loin.
-Je suis capable de te porter je pense.
-Tu vas me briser le dos pour de bon, je ne peux plus bouger. Si tu pars c’est sans moi, c’est peut-être ce que tu devrais faire d’ailleurs.
-Je ne m’en sortirai pas toute seule.
-Il va bien falloir.
À l’étage, les hurlements reprirent, et l’on entendait le magicien rire comme un forcené. De temps en temps, on percevait un bruit de coups réguliers.
-Tu y vas ? Selen semblait agacée.
-Je ne peux pas te laisser à ce désaxé, tu entends ces cris ? On dirait qu’il est en train de passer son orque au hachoir.
-Et tu trouves ça mieux s’il se fait plaisir sur nous deux, hein ? Tu crois franchement que tu vas t’en débarrasser seule ?
-Il va bien falloir, comme tu dis si bien. »
Xiltyn essaya péniblement de s’extirper de la marée d’insectes dans laquelle elle était noyée. Une fois debout, elle évalua la hauteur à laquelle se situait le trou. C’était malheureusement bien trop haut pour elle, la situation était désespérée.
« -Je crois que nous sommes finies, dit Xiltyn.
-Maintenant tu parles comme une sœur de Shar.
-Comment ça ? L’elfe se hissait péniblement sur la pointe des pieds, et se retenait maladroitement de glisser sur le tapis de vers qui craquait sous ses pieds.
-Tu veux tellement vivre… Tu ne seras une bonne adepte que si tu considères que tu n’as plus rien à perdre. Comment peux-tu œuvrer pour le chaos si tu n’es pas prête à commencer par y laisser ta propre vie ?
-Alors c’est ce que tu veux, hein ? Tu veux mourir pour Shar ? Tu n’as rien à perdre ici, personne à laisser ?
-Je récolte exactement ce que j’ai semé. Mes gains sont à la hauteur de mes attentes. Shar ne promet rien, puisqu’elle n’offre que le néant. La seule chose que je veux c’est la paix, le silence. Et je l’aurai, tôt ou tard, comme nous tous. Cette nuit peut-être, si tu te décides à sauver ta peau.
-Que les choses soient bien claires. Si je parviens à sortir de là, c’est pour aller régler son compte à ce maniaque. Ensuite je reviens, et tu prendras rendez-vous avec la tranquillité du chaos une autre fois.
-Il est loin le temps où tu t’extasiais sur la supériorité de la doctrine de Shar, quand tu n’avais rien à risquer.
-Le silence primordial est une des plus belles choses que j’ai pu imaginer. Mais les dieux n’ont pas l’habitude de faire des compromis. Shar ne voit pas le monde autrement que comme le reflet de sa volonté, il en va de même pour Séluné. Nous, au contraire nous n’avons pas la force d’imposer notre vision ainsi, nous apprenons à tirer notre parti parce que notre faiblesse nous le dicte. Mais chez les dieux, chaque conception s’oppose et cela finit pour nous dans un bain de sang. Notre raison d’être est dans la guerre que les deux sœurs se livrent, si l’une d’entre elles l’emporte nous disparaissons. Mais tant qu’elles se battent, chacun d’entre nous peut suivre sa voie et jouir de ses pouvoirs sans périr dans la victoire de la déesse. Tant qu’il y a des prêtres de Séluné à égorger, tu existes. C’est à toi de prier pour trouver toujours des adversaires à ta mesure. En vérité, si tu prends la doctrine de Shar au pied de la lettre, tu n’as plus qu’à te suicider maintenant. Sinon remets-toi les vertèbres et fais-moi la courte échelle.
-Tu as trop d’attaches avec ce monde, tu trembles pour tout. Pour ta vie, pour la mienne, pour celle de tes amis espions… Tu es incapable d’accepter la fatalité de la mort, Xiltyn, alors qu’en tant qu’adepte cela devrait être ton but.
-Je ne vais pas t’abandonner, je m’ennuierais trop en mission sans toi. Je trouve ça bien plus drôle de te compliquer la tâche en tremblant comme une feuille pendant que tu prends les coups à ma place.
-Tu ne peux pas monter. Et de toute manière tu n’es pas de taille pour ces adversaires. Ne me force pas à écouter ton agonie depuis cette tombe, sans pouvoir rien faire.
-Tu l’as dit toi-même, tu n’as rien à perdre non ? Considère que mon calvaire est la dette que Shar te demande de lui payer.
Selen réprima un sourire, vaincue.
-Il y a vraiment quelque chose de spécial en toi, Malen. Attention ça va faire un peu mal. »
Selen se concentra quelques secondes, et murmura « Shar est celle qui fera tomber le soleil dans l’abîme de la nuit ». L’incantation terminée, Xiltyn se retrouva projetée au plafond. Elle se retint de crier lorsque son dos heurta la charpente de plein fouet, et Selen interrompit immédiatement son sort. Xiltyn se rattrapa comme elle put et retomba de justesse sur le sol. « -Gravité. Je l’aime bien celui-ci.
-Trop technique pour toi, tu n’auras pas assez de ta vie d’elfe pour le maîtriser. »
À peine avait-elle reposé les pieds sur le sol que Xiltyn regrettait sa témérité. Elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle allait pouvoir faire face à ce qui l’attendait en haut, mais la vie de Selen dépendait de ses maigres capacités. Un jour, elle aurait peut-être la moitié de son pouvoir et elle ferait rempart à la mort pour ceux qui resteraient autour d’elle. Mais aujourd’hui, il fallait surtout éviter de l’attirer davantage sur Selen. Elle monta doucement sur les marches, le plus silencieusement possible. Les rires du magicien auraient probablement pu couvrir le bruit d’un combat, mais les sens de ce fou n’étaient pas à prendre trop à la légère. Après tout, Xiltyn et Selen pensaient être entrées dans le bâtiment en toute discrétion. Arrivée à l’étage, elle trouva le salon comme elle l’avait laissé, mais il était désormais éclairé par de grosses bougies en cire disposées un peu partout sur une grande table. Un large passage s’était ouvert dans l’un des murs, et débouchait sur un couloir dont les deux jeunes femmes ignoraient l’existence. Les rires provenaient de là. Xiltyn lança son sort d’invisibilité et avança lentement dans le passage. Le long du couloir il y avait de petites cellules et l’on pouvait voir des bracelets de chaînes fixés au mur, des traces de griffures et de sang sur les pierres et sur les barreaux de la porte. Depuis le terme du couloir, Xiltyn entendait maintenant distinctement la voix aigrelette du magicien qui s’était perchée dans les aigus et dont le tremblement trahissait une excitation fébrile et malsaine alors qu’il était en train de torturer son cobaye.
« -Ma chère Hécate, j’ai beau travailler sans relâche pour te plaire, celui-ci n’est pas assez futé non plus. Il bave, il proteste, il ne comprend pas sa chance… Il ne voit pas… Il ne voit pas ! »
À ces mots Xiltyn franchissait le seuil de la pièce, et vit le magicien planter un burin dans l’œil de l’orque qui était allongé, enchaîné sur une table. Ce dernier poussa un râle sourd au moment du coup, et vomit une large quantité de sang et de vers. L’homme avait déjà commencé à le gaver.
« -Et maintenant, tu vois ? hurlait-il comme un dément. Je vais te donner des yeux dignes de ce nom, et tu verras Hécate. »
Le magicien tenait dans sa main une grosse poignée d’asticots, et les déposa dans la plaie gorgée de sang laissée par le burin. Il les comprima ensuite dans l’orbite en appuyant avec sa main, son prisonnier gémissait. Il fit de même avec le second œil, l’orque était agité de spasmes et la quantité de sang qu’il avait dans la gorge l’obligeait à se gargariser comme il pouvait. Xiltyn porta la main à sa bouche pour éviter de vomir.
« -Hahaha tu vois maintenant hein ? J’ai hâte d’arracher les yeux de ces garces moi-même tout à l’heure, elles ne voient rien non plus tu sais… Mais toi, regarde! »
Et en disant cela il saisit la tête de sa victime et la lui fit tourner vers la cheminée. Devant le feu qui brûlait, il y avait le corps nu et embaumé d’une jeune femme agenouillée. Elle n’avait ni yeux ni langue, ni dents. Et la colonie de vers sortait de ses orbites et de sa bouche. Collés à elle, sur chaque bras, gisaient les corps dénudés de deux hommes d’une extrême jeunesse, aux cheveux longs et bouclés, leur tête reposée et cousue sur les épaules de la femme. On aurait dit une sorte de statuette à trois faces, et chacun des trois avait une tête d’animal posée sur le creux des cuisses : une tête de chien, pour la femme, un cheval et un serpent pour les deux hommes.
« -Tu vois comme elle est belle hein, c’est ta déesse maintenant hahaha. Elle te mange en ce moment même, elle goûte ta chair pour savoir si tu es digne de la servir. Regarde-la encore, regarde-la ! »
Xiltyn passa à côté du magicien, complètement emporté dans son délire. Ses yeux s’écarquillèrent, il brandit un entonnoir au dessus de sa tête et l’enfonça dans la bouche de l’orque.
« -Et maintenant goûte-la. »
-Haha ! On joue les dures hein ? Aviez-vous tant d’humour quand votre colonne a explosé contre le mur ?
-Encore un adversaire dépourvu de second degré, en plus d’être lâche vous êtes donc susceptible.
-Taisez-vous, vous n’avez pas fini de sentir vos os craquer. Mon nabot vous a plu ? Attendez de voir les effets de ces petites larves sur mon orque. J’enverrai votre tête aux gens qui vous payent, mais avant je vous laisserai en pâture à ma petite colonie, bien contrôlés ils mangent les vivants. Je passerai la nuit à vous écouter hurler de douleur. »
L’homme était d’autant plus effrayant qu’il avait un visage d’ange, même si sa folie éclairait son regard d’une lueur sans équivoque. Il repartit en grommelant, comme s’il se parlait à lui-même. Les deux amies se regardèrent, interdites. L’homme remonta les marches et laissa la trappe ouverte.
« -Il nous laisse vraiment seules ? demanda Xiltyn.
-Vu l’état dans lequel nous sommes, je pense qu’il a compris que nous n’irons pas bien loin.
-Je suis capable de te porter je pense.
-Tu vas me briser le dos pour de bon, je ne peux plus bouger. Si tu pars c’est sans moi, c’est peut-être ce que tu devrais faire d’ailleurs.
-Je ne m’en sortirai pas toute seule.
-Il va bien falloir.
À l’étage, les hurlements reprirent, et l’on entendait le magicien rire comme un forcené. De temps en temps, on percevait un bruit de coups réguliers.
-Tu y vas ? Selen semblait agacée.
-Je ne peux pas te laisser à ce désaxé, tu entends ces cris ? On dirait qu’il est en train de passer son orque au hachoir.
-Et tu trouves ça mieux s’il se fait plaisir sur nous deux, hein ? Tu crois franchement que tu vas t’en débarrasser seule ?
-Il va bien falloir, comme tu dis si bien. »
Xiltyn essaya péniblement de s’extirper de la marée d’insectes dans laquelle elle était noyée. Une fois debout, elle évalua la hauteur à laquelle se situait le trou. C’était malheureusement bien trop haut pour elle, la situation était désespérée.
« -Je crois que nous sommes finies, dit Xiltyn.
-Maintenant tu parles comme une sœur de Shar.
-Comment ça ? L’elfe se hissait péniblement sur la pointe des pieds, et se retenait maladroitement de glisser sur le tapis de vers qui craquait sous ses pieds.
-Tu veux tellement vivre… Tu ne seras une bonne adepte que si tu considères que tu n’as plus rien à perdre. Comment peux-tu œuvrer pour le chaos si tu n’es pas prête à commencer par y laisser ta propre vie ?
-Alors c’est ce que tu veux, hein ? Tu veux mourir pour Shar ? Tu n’as rien à perdre ici, personne à laisser ?
-Je récolte exactement ce que j’ai semé. Mes gains sont à la hauteur de mes attentes. Shar ne promet rien, puisqu’elle n’offre que le néant. La seule chose que je veux c’est la paix, le silence. Et je l’aurai, tôt ou tard, comme nous tous. Cette nuit peut-être, si tu te décides à sauver ta peau.
-Que les choses soient bien claires. Si je parviens à sortir de là, c’est pour aller régler son compte à ce maniaque. Ensuite je reviens, et tu prendras rendez-vous avec la tranquillité du chaos une autre fois.
-Il est loin le temps où tu t’extasiais sur la supériorité de la doctrine de Shar, quand tu n’avais rien à risquer.
-Le silence primordial est une des plus belles choses que j’ai pu imaginer. Mais les dieux n’ont pas l’habitude de faire des compromis. Shar ne voit pas le monde autrement que comme le reflet de sa volonté, il en va de même pour Séluné. Nous, au contraire nous n’avons pas la force d’imposer notre vision ainsi, nous apprenons à tirer notre parti parce que notre faiblesse nous le dicte. Mais chez les dieux, chaque conception s’oppose et cela finit pour nous dans un bain de sang. Notre raison d’être est dans la guerre que les deux sœurs se livrent, si l’une d’entre elles l’emporte nous disparaissons. Mais tant qu’elles se battent, chacun d’entre nous peut suivre sa voie et jouir de ses pouvoirs sans périr dans la victoire de la déesse. Tant qu’il y a des prêtres de Séluné à égorger, tu existes. C’est à toi de prier pour trouver toujours des adversaires à ta mesure. En vérité, si tu prends la doctrine de Shar au pied de la lettre, tu n’as plus qu’à te suicider maintenant. Sinon remets-toi les vertèbres et fais-moi la courte échelle.
-Tu as trop d’attaches avec ce monde, tu trembles pour tout. Pour ta vie, pour la mienne, pour celle de tes amis espions… Tu es incapable d’accepter la fatalité de la mort, Xiltyn, alors qu’en tant qu’adepte cela devrait être ton but.
-Je ne vais pas t’abandonner, je m’ennuierais trop en mission sans toi. Je trouve ça bien plus drôle de te compliquer la tâche en tremblant comme une feuille pendant que tu prends les coups à ma place.
-Tu ne peux pas monter. Et de toute manière tu n’es pas de taille pour ces adversaires. Ne me force pas à écouter ton agonie depuis cette tombe, sans pouvoir rien faire.
-Tu l’as dit toi-même, tu n’as rien à perdre non ? Considère que mon calvaire est la dette que Shar te demande de lui payer.
Selen réprima un sourire, vaincue.
-Il y a vraiment quelque chose de spécial en toi, Malen. Attention ça va faire un peu mal. »
Selen se concentra quelques secondes, et murmura « Shar est celle qui fera tomber le soleil dans l’abîme de la nuit ». L’incantation terminée, Xiltyn se retrouva projetée au plafond. Elle se retint de crier lorsque son dos heurta la charpente de plein fouet, et Selen interrompit immédiatement son sort. Xiltyn se rattrapa comme elle put et retomba de justesse sur le sol. « -Gravité. Je l’aime bien celui-ci.
-Trop technique pour toi, tu n’auras pas assez de ta vie d’elfe pour le maîtriser. »
À peine avait-elle reposé les pieds sur le sol que Xiltyn regrettait sa témérité. Elle n’avait pas la moindre idée de la manière dont elle allait pouvoir faire face à ce qui l’attendait en haut, mais la vie de Selen dépendait de ses maigres capacités. Un jour, elle aurait peut-être la moitié de son pouvoir et elle ferait rempart à la mort pour ceux qui resteraient autour d’elle. Mais aujourd’hui, il fallait surtout éviter de l’attirer davantage sur Selen. Elle monta doucement sur les marches, le plus silencieusement possible. Les rires du magicien auraient probablement pu couvrir le bruit d’un combat, mais les sens de ce fou n’étaient pas à prendre trop à la légère. Après tout, Xiltyn et Selen pensaient être entrées dans le bâtiment en toute discrétion. Arrivée à l’étage, elle trouva le salon comme elle l’avait laissé, mais il était désormais éclairé par de grosses bougies en cire disposées un peu partout sur une grande table. Un large passage s’était ouvert dans l’un des murs, et débouchait sur un couloir dont les deux jeunes femmes ignoraient l’existence. Les rires provenaient de là. Xiltyn lança son sort d’invisibilité et avança lentement dans le passage. Le long du couloir il y avait de petites cellules et l’on pouvait voir des bracelets de chaînes fixés au mur, des traces de griffures et de sang sur les pierres et sur les barreaux de la porte. Depuis le terme du couloir, Xiltyn entendait maintenant distinctement la voix aigrelette du magicien qui s’était perchée dans les aigus et dont le tremblement trahissait une excitation fébrile et malsaine alors qu’il était en train de torturer son cobaye.
« -Ma chère Hécate, j’ai beau travailler sans relâche pour te plaire, celui-ci n’est pas assez futé non plus. Il bave, il proteste, il ne comprend pas sa chance… Il ne voit pas… Il ne voit pas ! »
À ces mots Xiltyn franchissait le seuil de la pièce, et vit le magicien planter un burin dans l’œil de l’orque qui était allongé, enchaîné sur une table. Ce dernier poussa un râle sourd au moment du coup, et vomit une large quantité de sang et de vers. L’homme avait déjà commencé à le gaver.
« -Et maintenant, tu vois ? hurlait-il comme un dément. Je vais te donner des yeux dignes de ce nom, et tu verras Hécate. »
Le magicien tenait dans sa main une grosse poignée d’asticots, et les déposa dans la plaie gorgée de sang laissée par le burin. Il les comprima ensuite dans l’orbite en appuyant avec sa main, son prisonnier gémissait. Il fit de même avec le second œil, l’orque était agité de spasmes et la quantité de sang qu’il avait dans la gorge l’obligeait à se gargariser comme il pouvait. Xiltyn porta la main à sa bouche pour éviter de vomir.
« -Hahaha tu vois maintenant hein ? J’ai hâte d’arracher les yeux de ces garces moi-même tout à l’heure, elles ne voient rien non plus tu sais… Mais toi, regarde! »
Et en disant cela il saisit la tête de sa victime et la lui fit tourner vers la cheminée. Devant le feu qui brûlait, il y avait le corps nu et embaumé d’une jeune femme agenouillée. Elle n’avait ni yeux ni langue, ni dents. Et la colonie de vers sortait de ses orbites et de sa bouche. Collés à elle, sur chaque bras, gisaient les corps dénudés de deux hommes d’une extrême jeunesse, aux cheveux longs et bouclés, leur tête reposée et cousue sur les épaules de la femme. On aurait dit une sorte de statuette à trois faces, et chacun des trois avait une tête d’animal posée sur le creux des cuisses : une tête de chien, pour la femme, un cheval et un serpent pour les deux hommes.
« -Tu vois comme elle est belle hein, c’est ta déesse maintenant hahaha. Elle te mange en ce moment même, elle goûte ta chair pour savoir si tu es digne de la servir. Regarde-la encore, regarde-la ! »
Xiltyn passa à côté du magicien, complètement emporté dans son délire. Ses yeux s’écarquillèrent, il brandit un entonnoir au dessus de sa tête et l’enfonça dans la bouche de l’orque.
« -Et maintenant goûte-la. »
Xiltyn Malen- Revancharde débutante
- Messages : 193
Date d'inscription : 15/09/2013
Localisation : Waterdeep
Feuille de personnage
Classe et niveau: Ombrageur 12 / Noble 1
Race: Elfe de Lune
Alignement: Neutre/Loyal
Re: La lumière d'Hécate
Le monstre convulsait frénétiquement tandis que le mage lui versait une vasque remplie de vers dans la bouche. La transformation était en train de s’opérer, les muscles gonflaient si rapidement que la peau se déchirait par endroits, et les bracelets des chaînes semblaient prêts à exploser. Il fallait agir vite et Xiltyn n’avait plus qu’à se jeter à l’eau. Il y avait bien le poison qu’elle avait sur elle, celui qui lui était destiné en cas de capture. Mais comment atteindre le monstre ? Est-ce que cela aurait ne serait-ce qu’un effet sur l’orque ? Mieux valait assurer le coup. Xiltyn fit un pas jusqu’à l’idole de chair et la poussa doucement vers l’âtre. Les trois corps tombèrent lentement dans le feu et le magicien s’écria : « Hécate, ma chérie, non ! ». Il se précipita vers le foyer pour tenter d’arrêter les flammes, laissant le monstre vulnérable. En brûlant, les vers émettaient une sorte de sifflement strident et exhalaient une odeur de charogne grillée.
Xiltyn revint immédiatement à la hauteur du prisonnier, saisit le poison et le versa dans l’entonnoir. Avec le coude, elle y donna un grand coup pour l’enfoncer le plus possible dans la gorge du monstre, qui commença à se débattre de plus belle. Le burin ensanglanté était juste à côté de la bête, et Xiltyn s’en empara alors que le sort d’invisibilité s’estompait. Sa première idée était de l’enfoncer dans la poitrine, mais le cœur semblait déjà dévoré par les vers. Tout ce qui pouvait être considéré comme un point vital était déjà envahi par les asticots, qui semblaient prendre la place des organes de l’orque. C’est pourquoi elle lui perça les mains à toute vitesse et avec sauvagerie puis lui broya les chevilles, toujours en donnant des coups de coude sur le burin pour qu’il transperce jusqu’à la table. Elle s’y jetait de tout son poids pour trouer la chair de part en part. Le magicien la voyait faire, mais n’osait lâcher son Hécate grésillante et se répandait en injures avec une voix soudainement devenue rauque, presque animale.
« Salope, salope ! Quand j’aurai fini je te jure que je vais te bouffer les tripes moi-même. » hurlait-il à Xiltyn en caressant les cheveux à moitié brûlés de sa déesse, dont il pressait le visage contre sa joue.
La table commençait à trembler, le monstre arracha une planche avec l’un de ses bras alors que Xiltyn lui perçait son premier genou. Voyant qu’il se redressait, elle partit avec le burin par le couloir, en courant de toutes ses forces. Il fallait absolument achever la créature et faire en sorte qu’elle n’arrive pas jusqu’à Selen. Elle essayait de se rappeler de la configuration de la maison lorsqu’elles avaient visité les étages. Il y avait un long couloir au premier, avec six chambres de chaque côté. Elle monta à toute vitesse, comptant sur la maladresse de l’orque à se déplacer, ainsi criblé de plaies aux articulations. Elle ouvrit les portes des chambres les unes après les autres, chercha celles qui pouvaient communiquer entre elles après avoir ouvert tous les passages, et alla se cacher dans l’une des pièces.
Le monstre montait péniblement les marches, à quatre pattes. Il boitait sévèrement, et crachait des flaques de sang sur son passage. Au loin, on entendait le magicien sangloter comme un fou. La bête était complètement aveuglée suite aux mutilations qu’elle avait subies et avançait en titubant, brassant l’air autour d’elle avec un bras. Le bruit qu’elle faisait à chaque fois qu’elle fendait l’air ressemblait à celui d’un énorme couperet. La créature avait considérablement grossi. L’ombre qui passa dans l’embrasure de la porte de la chambre où Xiltyn se terrait était énorme. L’orque passa sa tête dans l’ouverture, et le souffle qu’il expulsait par les narines remplissait la pièce d’une odeur de mort. La nuée d’Hécate grouillait entre ses dents, et se régalait de sa langue. Xiltyn fit tout ce qu’elle put pour ne pas se trahir, tandis que ses jambes commençaient à trembler. Elle se contint pendant d’interminables secondes, et le monstre finit par reprendre son chemin pour vérifier une autre pièce. Lorsqu’il eut dépassé la chambre de quelques pas, l’elfe sortit doucement de sa cachette, se glissa derrière sa cible et lui enfonça le burin dans le repli du genou qui lui restait. Elle tomba par terre, et Xiltyn fonça dans la chambre qui se trouvait juste en face de celle d’où elle venait. Elle passa rapidement une porte qui communiquait directement avec une autre chambre, puis une autre encore afin d’égarer au mieux son poursuivant.
À peine relevé, le colosse se laissa littéralement tomber dans la pièce par laquelle Xiltyn était d’abord entrée. Le lit éclata sous son poids. Xiltyn en profita pour repasser par le couloir et prendre le monstre à revers. Elle lui frappa la nuque avec toute la rage qu’elle avait en elle. Son adversaire se cambra de douleur et lui envoya une gifle terrible qui la projeta directement en arrière, dans le couloir. Sa tête heurta le mur et elle dut lutter pour ne pas finir assommée. Le sang coulait le long de son front et ses oreilles bourdonnaient. Le temps qu’elle retrouve une vision nette, elle vit son assaillant écumant arriver sur elle. Il la saisit des deux mains à la gorge, la pression était si forte qu’elle sentait sa tête éclater. Ses cervicales auraient déjà été broyées si elle ne lui avait pas sectionné une partie des tendons en lui transperçant la paume quand il était attaché. Il serrait si fort que la jeune femme sentait les larmes lui monter aux yeux, et dans un élan désespéré elle trouva la force de lui planter le pieu dans la cuisse. Il lâcha prise et avant qu’il puisse réagir, elle retira l’arme, tourna son poignet pour tenir le burin à l’horizontale, et enfonça la pointe en plein dans la carotide gauche, juste sous la mâchoire. Cette fois le géant s’écroula pour de bon, et Xiltyn porta instinctivement la main à son cou, couvert de petits points rouges qui commençaient déjà à bleuir.
En se relevant, elle sentit qu’elle s’était aussi démis une épaule. Mais elle avait réussi, le dernier prisonnier du mage était vaincu, et sa tête trempait dans son sang, tandis que les vers tombaient morts dans la flaque, peut-être sous l’effet du poison. Alors qu’elle s’adossait sur le mur en reprenant difficilement son souffle, elle percevait toujours les pleurs inquiétants du mage, mais ils semblaient plus lointains. Alors que le calme commençait de nouveau à l’envahir, un cri familier retentit dans la nuit et glaça tous ses membres.
« Selen. »
Xiltyn revint immédiatement à la hauteur du prisonnier, saisit le poison et le versa dans l’entonnoir. Avec le coude, elle y donna un grand coup pour l’enfoncer le plus possible dans la gorge du monstre, qui commença à se débattre de plus belle. Le burin ensanglanté était juste à côté de la bête, et Xiltyn s’en empara alors que le sort d’invisibilité s’estompait. Sa première idée était de l’enfoncer dans la poitrine, mais le cœur semblait déjà dévoré par les vers. Tout ce qui pouvait être considéré comme un point vital était déjà envahi par les asticots, qui semblaient prendre la place des organes de l’orque. C’est pourquoi elle lui perça les mains à toute vitesse et avec sauvagerie puis lui broya les chevilles, toujours en donnant des coups de coude sur le burin pour qu’il transperce jusqu’à la table. Elle s’y jetait de tout son poids pour trouer la chair de part en part. Le magicien la voyait faire, mais n’osait lâcher son Hécate grésillante et se répandait en injures avec une voix soudainement devenue rauque, presque animale.
« Salope, salope ! Quand j’aurai fini je te jure que je vais te bouffer les tripes moi-même. » hurlait-il à Xiltyn en caressant les cheveux à moitié brûlés de sa déesse, dont il pressait le visage contre sa joue.
La table commençait à trembler, le monstre arracha une planche avec l’un de ses bras alors que Xiltyn lui perçait son premier genou. Voyant qu’il se redressait, elle partit avec le burin par le couloir, en courant de toutes ses forces. Il fallait absolument achever la créature et faire en sorte qu’elle n’arrive pas jusqu’à Selen. Elle essayait de se rappeler de la configuration de la maison lorsqu’elles avaient visité les étages. Il y avait un long couloir au premier, avec six chambres de chaque côté. Elle monta à toute vitesse, comptant sur la maladresse de l’orque à se déplacer, ainsi criblé de plaies aux articulations. Elle ouvrit les portes des chambres les unes après les autres, chercha celles qui pouvaient communiquer entre elles après avoir ouvert tous les passages, et alla se cacher dans l’une des pièces.
Le monstre montait péniblement les marches, à quatre pattes. Il boitait sévèrement, et crachait des flaques de sang sur son passage. Au loin, on entendait le magicien sangloter comme un fou. La bête était complètement aveuglée suite aux mutilations qu’elle avait subies et avançait en titubant, brassant l’air autour d’elle avec un bras. Le bruit qu’elle faisait à chaque fois qu’elle fendait l’air ressemblait à celui d’un énorme couperet. La créature avait considérablement grossi. L’ombre qui passa dans l’embrasure de la porte de la chambre où Xiltyn se terrait était énorme. L’orque passa sa tête dans l’ouverture, et le souffle qu’il expulsait par les narines remplissait la pièce d’une odeur de mort. La nuée d’Hécate grouillait entre ses dents, et se régalait de sa langue. Xiltyn fit tout ce qu’elle put pour ne pas se trahir, tandis que ses jambes commençaient à trembler. Elle se contint pendant d’interminables secondes, et le monstre finit par reprendre son chemin pour vérifier une autre pièce. Lorsqu’il eut dépassé la chambre de quelques pas, l’elfe sortit doucement de sa cachette, se glissa derrière sa cible et lui enfonça le burin dans le repli du genou qui lui restait. Elle tomba par terre, et Xiltyn fonça dans la chambre qui se trouvait juste en face de celle d’où elle venait. Elle passa rapidement une porte qui communiquait directement avec une autre chambre, puis une autre encore afin d’égarer au mieux son poursuivant.
À peine relevé, le colosse se laissa littéralement tomber dans la pièce par laquelle Xiltyn était d’abord entrée. Le lit éclata sous son poids. Xiltyn en profita pour repasser par le couloir et prendre le monstre à revers. Elle lui frappa la nuque avec toute la rage qu’elle avait en elle. Son adversaire se cambra de douleur et lui envoya une gifle terrible qui la projeta directement en arrière, dans le couloir. Sa tête heurta le mur et elle dut lutter pour ne pas finir assommée. Le sang coulait le long de son front et ses oreilles bourdonnaient. Le temps qu’elle retrouve une vision nette, elle vit son assaillant écumant arriver sur elle. Il la saisit des deux mains à la gorge, la pression était si forte qu’elle sentait sa tête éclater. Ses cervicales auraient déjà été broyées si elle ne lui avait pas sectionné une partie des tendons en lui transperçant la paume quand il était attaché. Il serrait si fort que la jeune femme sentait les larmes lui monter aux yeux, et dans un élan désespéré elle trouva la force de lui planter le pieu dans la cuisse. Il lâcha prise et avant qu’il puisse réagir, elle retira l’arme, tourna son poignet pour tenir le burin à l’horizontale, et enfonça la pointe en plein dans la carotide gauche, juste sous la mâchoire. Cette fois le géant s’écroula pour de bon, et Xiltyn porta instinctivement la main à son cou, couvert de petits points rouges qui commençaient déjà à bleuir.
En se relevant, elle sentit qu’elle s’était aussi démis une épaule. Mais elle avait réussi, le dernier prisonnier du mage était vaincu, et sa tête trempait dans son sang, tandis que les vers tombaient morts dans la flaque, peut-être sous l’effet du poison. Alors qu’elle s’adossait sur le mur en reprenant difficilement son souffle, elle percevait toujours les pleurs inquiétants du mage, mais ils semblaient plus lointains. Alors que le calme commençait de nouveau à l’envahir, un cri familier retentit dans la nuit et glaça tous ses membres.
« Selen. »
Xiltyn Malen- Revancharde débutante
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Re: La lumière d'Hécate
L’angoisse et la colère avaient submergé Xiltyn qui, chaque fois qu’elle se trouvait dans cet état, avait l’impression d’évoluer dans un océan noir et silencieux. Tous les bruits qu’elle percevait lui semblaient plus sourds, mais son corps soudainement lui obéissait enfin. Ses mouvements étaient plus fluides, plus souples, comme un flux de rage aveugle qui dansait dans l’air à la manière de ces nuages de fumée que l’on voit parfois valser avec le vent. Selen lui avait dit autrefois que c’était comme si le fond son cœur éclatait à la vue de tous et que son esprit prenait corps et anéantissait toutes les barrières de la chair. Ses sentiments les plus sombres étaient comme des poings envoyés à la face de l’existence, et les tréfonds de son âme ainsi dénudée avaient l’éclat d’une lame aussi obscure qu’acérée. Xiltyn avait déjà descendu la première rangée d’escaliers en l’espace de quelques remous, mais la vague vint buter sur la trappe de la cave, fermée de l’intérieur. De l’autre côté de l’océan, elle entendait toujours le mage pleurer comme un enfant, et Selen hurlait à la mort. Envahie par la panique, Xiltyn essaya de défoncer la planche avec ses jambes, ce qui ne manqua pas d’alerter son ultime ennemi.
« -Qu’est-ce qu’il y a, tu as peur pour ton amie ? cria l’homme à Xiltyn. Tu te demandes ce qui lui arrive hein ? Comme je suis bon prince je vais te dire ce qui se passe pour apaiser ton imagination. »
Il marqua une courte pause, comme pour reprendre son souffle et hurla de toutes ses forces :
« -Ils sont en train de la bouffer vivante ! »
Et le mage éclata d’un rire dément entrecoupé de sanglots.
La jambe de Xiltyn passa à travers la trappe, dont le bois venait de se fendre en un million d’éclats. La cuisse de Xiltyn se déchira sur la longueur en traversant. L’homme était debout au bord du trou, et observait sa victime en contrebas tandis qu’il semblait envoyer une étrange énergie au sol, dans sa direction. Selen, à bout de force, ricanait.
« -Qu’est-ce qui te fait rire, traînée ? siffla l’homme.
-Le monstre a changé de camp. »
Avant que le magicien ne puisse réagir, Xiltyn plongeait déjà sur lui en hurlant. Son adversaire fut immédiatement plaqué au sol, et elle commença à le rouer de coups en martelant ses yeux, à deux mains. Elle ne sentait même plus la douleur qui tiraillait ses os, qu’elle écrasait encore un peu plus contre les arcades du sorcier. Ce dernier était couvert de sang, et parvint à asséner un coup de dague qui entailla le ventre de Xiltyn, avant d’en placer un autre qui lui ouvrit la joue. La jeune femme ne chercha même pas à les éviter, devenue comme insensible à la douleur sous l’effet de sa transe. Elle releva l’homme et lui éclata la tête contre un fût. Il tomba sans connaissance.
« -Tu n’as vraiment aucun style comme mage, lui lança péniblement Selen.
-Je descends. »
Xiltyn sauta dans le trou, et sa lèvre inférieure trembla légèrement lorsqu’elle vit la grimace de douleur que faisait Selen. Cette vision était d’autant plus pitoyable que cette dernière arborait toujours son sourire narquois, alors que tous les autres traits de son visage luttaient pour ne pas fondre en larmes. Xiltyn la retourna doucement et vit les asticots qui étaient en train de dévorer son dos. Elle voyait même la colonne par endroit, et la plaie suppurait. Elle écrasa les asticots un à un entre ses doigts.
« -Ta colère est magnifique, dit Selen.
-Ce type va passer la nuit la plus terrible de sa vie. Mais encore une fois je suis là trop tard, comme d’habitude.
-Ça aurait pu être pire, tu te rends compte que c’est la première fois que tu me sauves la vie ?
-Et je te retrouve dans quel état ?
-Ils m’arrangeront ça à la guilde, je n’en garde pas de souvenirs, contrairement à toi.
Xiltyn garda le silence et continuait à nettoyer la plaie. Les vers semblaient être redevenus inoffensifs depuis que le magicien avait été mis hors d’état de nuire. Selen reprit :
-Je parie qu’ils n’ont jamais vu ton dos, je me trompe ?
-Jamais. Ne serait-ce que parce que je ne pourrais pas expliquer où je me suis fait tout cela. Heureusement pour moi, personne n’est du genre à soigner dans ce groupe.
-Même une marque comme la mienne, tu ne l’enlèverais pas ?
-Un jour je ferai disparaître la chair qui est sillonnée de ces erreurs commises lorsque j’étais trop faible pour voir les coups arriver. Donc cela n’a pas vraiment d’importance.
-Tu vas me manquer, je dois bien l’admettre.
-Pourquoi tu dis ça ? Attention, celui-ci est proche d’un os, je pense que je vais te faire un peu mal.
-J’ai le sentiment que tu vas nous quitter depuis quelques temps déjà.
-Ça m’étonne que tu puisses penser cela de moi, je ne vous abandonnerai pas.
-Si, tu le feras, tu as quelque chose qui te fera renier ta foi. Ha ! Je crois que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie.
-Quoi donc ?
-Tu penses qu’un jour ta vie sera meilleure. Tu espères.
-Peut-être. J’ai le sentiment que je peux me dévouer à autre chose que le chaos. Redresse-toi un peu de ce côté.
-Ne crois pas que je te désavoue pour autant. Quelque part je t’envie, même si j’ai peur que tu ne retombes vite dans la désillusion.
-Tu ne les as jamais aimés.
-Je te sens prête à renier ta foi pour eux, à oublier tes principes, tes envies, tes ambitions. Un jour ils auront peut-être la même chose à faire pour toi, renier leurs principes ou te sauver toi. Certains d’entre eux sont incapables de le faire.
-Nous verrons.
-Tu le sais déjà. Ménage-toi quand même, je peux sentir sans les voir que tu as les mains toutes cabossées.
-Je ne leur donne pas grande envie de faire de tels sacrifices pour moi, tu sais.
-Ce n’est pas une question d’envie, mais de survie. J’espère pour toi que tu es prête à tout pour grandir, pour te renforcer et écraser toute menace de ton pouvoir. Ne dis jamais non à la force, quel qu’en soit le prix, et quoi qu’ils puissent en penser. Peu importe que la main qui te sauve la vie soit couverte de sang, si tu peux compter sur elle. Avant de juger, il faut pouvoir en faire autant pour quelqu’un.
-Si je pars, ce n’est pas parce que je veux compter pour quelqu’un, mais plutôt pour me soucier d’une chose ou deux et ne pas dériver. Voilà, j’ai terminé, ta blessure est propre.
-Même si tu te trouves trop nulle pour rester mage, ne te reconvertis pas en médecin, l’humanité t’en remerciera.
-Tu vas me manquer aussi. Reprends des forces et fais moi remonter dès que possible. J’irai réveiller ce maniaque et lui rendre la monnaie de sa pièce.
-Je te demanderais bien de veiller à ce qu’il souffre, mais je te fais largement confiance sur le sujet.
Le lendemain, la guilde trouva enfin les deux femmes. Xiltyn veillait de nouveau sur Selen, et l’on parla longtemps de cette nuit au terme de laquelle on avait vu rentrer les deux comparses ravagées de blessures comme jamais auparavant. L’homme fut retrouvé sur la table où il créait ses abominations, le corps criblé de plaies affreuses. On racontait qu’il avait été étouffé vivant en ayant été gavé de force. Lorsque les mercenaires de la guilde franchirent le seuil de la pièce, ils virent qu’il avait encore l’entonnoir débordant de vers dans la bouche, et son visage angélique était resté figé, décomposé par la peur. Il s’était arraché les ongles en s'agrippant sur les planches. On ne sut pas grand-chose du culte étrange de cet homme, mais on découvrit cependant que le corps de son idole était en réalité celui de sa femme. Quant à son petit trafic d’engrais, il offrit une compensation substantielle et plutôt avantageuse aux pertes qu’il avait causées à la guilde.
Comme à chaque fois, Xiltyn fit seulement soigner les blessures qui risquaient de se remarquer facilement. Elle fit une exception pour cette fois, et laissa aussi cicatriser la plaie qu’elle avait à la cuisse. Chaque année, sans pourtant y penser à dessein, lorsque venait l’anniversaire de cette fameuse nuit, elle caressait la plaie qu’elle regardait fixement avant de s’endormir, et un frisson d’angoisse lui parcourait inévitablement le dos.
« -Qu’est-ce qu’il y a, tu as peur pour ton amie ? cria l’homme à Xiltyn. Tu te demandes ce qui lui arrive hein ? Comme je suis bon prince je vais te dire ce qui se passe pour apaiser ton imagination. »
Il marqua une courte pause, comme pour reprendre son souffle et hurla de toutes ses forces :
« -Ils sont en train de la bouffer vivante ! »
Et le mage éclata d’un rire dément entrecoupé de sanglots.
La jambe de Xiltyn passa à travers la trappe, dont le bois venait de se fendre en un million d’éclats. La cuisse de Xiltyn se déchira sur la longueur en traversant. L’homme était debout au bord du trou, et observait sa victime en contrebas tandis qu’il semblait envoyer une étrange énergie au sol, dans sa direction. Selen, à bout de force, ricanait.
« -Qu’est-ce qui te fait rire, traînée ? siffla l’homme.
-Le monstre a changé de camp. »
Avant que le magicien ne puisse réagir, Xiltyn plongeait déjà sur lui en hurlant. Son adversaire fut immédiatement plaqué au sol, et elle commença à le rouer de coups en martelant ses yeux, à deux mains. Elle ne sentait même plus la douleur qui tiraillait ses os, qu’elle écrasait encore un peu plus contre les arcades du sorcier. Ce dernier était couvert de sang, et parvint à asséner un coup de dague qui entailla le ventre de Xiltyn, avant d’en placer un autre qui lui ouvrit la joue. La jeune femme ne chercha même pas à les éviter, devenue comme insensible à la douleur sous l’effet de sa transe. Elle releva l’homme et lui éclata la tête contre un fût. Il tomba sans connaissance.
« -Tu n’as vraiment aucun style comme mage, lui lança péniblement Selen.
-Je descends. »
Xiltyn sauta dans le trou, et sa lèvre inférieure trembla légèrement lorsqu’elle vit la grimace de douleur que faisait Selen. Cette vision était d’autant plus pitoyable que cette dernière arborait toujours son sourire narquois, alors que tous les autres traits de son visage luttaient pour ne pas fondre en larmes. Xiltyn la retourna doucement et vit les asticots qui étaient en train de dévorer son dos. Elle voyait même la colonne par endroit, et la plaie suppurait. Elle écrasa les asticots un à un entre ses doigts.
« -Ta colère est magnifique, dit Selen.
-Ce type va passer la nuit la plus terrible de sa vie. Mais encore une fois je suis là trop tard, comme d’habitude.
-Ça aurait pu être pire, tu te rends compte que c’est la première fois que tu me sauves la vie ?
-Et je te retrouve dans quel état ?
-Ils m’arrangeront ça à la guilde, je n’en garde pas de souvenirs, contrairement à toi.
Xiltyn garda le silence et continuait à nettoyer la plaie. Les vers semblaient être redevenus inoffensifs depuis que le magicien avait été mis hors d’état de nuire. Selen reprit :
-Je parie qu’ils n’ont jamais vu ton dos, je me trompe ?
-Jamais. Ne serait-ce que parce que je ne pourrais pas expliquer où je me suis fait tout cela. Heureusement pour moi, personne n’est du genre à soigner dans ce groupe.
-Même une marque comme la mienne, tu ne l’enlèverais pas ?
-Un jour je ferai disparaître la chair qui est sillonnée de ces erreurs commises lorsque j’étais trop faible pour voir les coups arriver. Donc cela n’a pas vraiment d’importance.
-Tu vas me manquer, je dois bien l’admettre.
-Pourquoi tu dis ça ? Attention, celui-ci est proche d’un os, je pense que je vais te faire un peu mal.
-J’ai le sentiment que tu vas nous quitter depuis quelques temps déjà.
-Ça m’étonne que tu puisses penser cela de moi, je ne vous abandonnerai pas.
-Si, tu le feras, tu as quelque chose qui te fera renier ta foi. Ha ! Je crois que je n’ai jamais eu aussi mal de ma vie.
-Quoi donc ?
-Tu penses qu’un jour ta vie sera meilleure. Tu espères.
-Peut-être. J’ai le sentiment que je peux me dévouer à autre chose que le chaos. Redresse-toi un peu de ce côté.
-Ne crois pas que je te désavoue pour autant. Quelque part je t’envie, même si j’ai peur que tu ne retombes vite dans la désillusion.
-Tu ne les as jamais aimés.
-Je te sens prête à renier ta foi pour eux, à oublier tes principes, tes envies, tes ambitions. Un jour ils auront peut-être la même chose à faire pour toi, renier leurs principes ou te sauver toi. Certains d’entre eux sont incapables de le faire.
-Nous verrons.
-Tu le sais déjà. Ménage-toi quand même, je peux sentir sans les voir que tu as les mains toutes cabossées.
-Je ne leur donne pas grande envie de faire de tels sacrifices pour moi, tu sais.
-Ce n’est pas une question d’envie, mais de survie. J’espère pour toi que tu es prête à tout pour grandir, pour te renforcer et écraser toute menace de ton pouvoir. Ne dis jamais non à la force, quel qu’en soit le prix, et quoi qu’ils puissent en penser. Peu importe que la main qui te sauve la vie soit couverte de sang, si tu peux compter sur elle. Avant de juger, il faut pouvoir en faire autant pour quelqu’un.
-Si je pars, ce n’est pas parce que je veux compter pour quelqu’un, mais plutôt pour me soucier d’une chose ou deux et ne pas dériver. Voilà, j’ai terminé, ta blessure est propre.
-Même si tu te trouves trop nulle pour rester mage, ne te reconvertis pas en médecin, l’humanité t’en remerciera.
-Tu vas me manquer aussi. Reprends des forces et fais moi remonter dès que possible. J’irai réveiller ce maniaque et lui rendre la monnaie de sa pièce.
-Je te demanderais bien de veiller à ce qu’il souffre, mais je te fais largement confiance sur le sujet.
Le lendemain, la guilde trouva enfin les deux femmes. Xiltyn veillait de nouveau sur Selen, et l’on parla longtemps de cette nuit au terme de laquelle on avait vu rentrer les deux comparses ravagées de blessures comme jamais auparavant. L’homme fut retrouvé sur la table où il créait ses abominations, le corps criblé de plaies affreuses. On racontait qu’il avait été étouffé vivant en ayant été gavé de force. Lorsque les mercenaires de la guilde franchirent le seuil de la pièce, ils virent qu’il avait encore l’entonnoir débordant de vers dans la bouche, et son visage angélique était resté figé, décomposé par la peur. Il s’était arraché les ongles en s'agrippant sur les planches. On ne sut pas grand-chose du culte étrange de cet homme, mais on découvrit cependant que le corps de son idole était en réalité celui de sa femme. Quant à son petit trafic d’engrais, il offrit une compensation substantielle et plutôt avantageuse aux pertes qu’il avait causées à la guilde.
Comme à chaque fois, Xiltyn fit seulement soigner les blessures qui risquaient de se remarquer facilement. Elle fit une exception pour cette fois, et laissa aussi cicatriser la plaie qu’elle avait à la cuisse. Chaque année, sans pourtant y penser à dessein, lorsque venait l’anniversaire de cette fameuse nuit, elle caressait la plaie qu’elle regardait fixement avant de s’endormir, et un frisson d’angoisse lui parcourait inévitablement le dos.
Dernière édition par Xiltyn Malen le Ven 1 Nov - 15:58, édité 1 fois
Xiltyn Malen- Revancharde débutante
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Re: La lumière d'Hécate
Fin du marathon d'Halloween, I HOPE IT SCARED THE SHIT OUT OF YOU!!!! Idéalement dans mon plan machiavélique le dernier épisode devait tomber à minuit le jour J, mais la vie sociale et les soirées flippe tout ça... Joyeux Halloween à tous, gare aux créatures qui traînent encore dans les rues aujourd'hui. Be careful, winter is coming...
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